En mai dernier, Emma Benestan présentait son deuxième long métrage, Animale en première mondiale en clôture de la Semaine de la Critique de Cannes. Ce néo-western fantastique et féministe suit Nejma, incarnée par l’intense Oulaya Amamra, qui s’entraine dur pour réaliser son rêve et remporter la prochaine course camarguaise, un concours où l’on défie les taureaux dans l’arène. Mais alors que la saison bat son plein, des disparitions suspectes inquiètent les habitants. Très vite la rumeur se propage : une bête sauvage rôde… Le film a bénéficié du talent du chef opérateur chevronné Ruben Impens (collaborateur notamment de Felix Van Groeningen ou Julia Ducournau), de l’inspiration de la multi-primée aux Magritte du Cinéma chef décoratrice Eve Martin (en lice d’ailleurs cette année pour Quitter la nuit), ainsi que du travail de l’équipe son.
Animale est coproduit par Cassandre Warnauts et Jean-Yves Roubin pour Frakas Production, dont c’est la 7e nomination dans cette catégorie qu’ils ont déjà remportée à deux reprises pour Grave et Titane de Julia Ducournau.
Remarqué en 2008 sur la scène internationale avec Gomorra (qui lui vaut le Grand Prix au Festival de Cannes), le cinéaste italien Matteo Garrone présentait en septembre 2023 à la Mostra de Venise Io Capitano, périple nous plongeant au coeur du parcours de migration de Seydou et Moussa, deux adolescents sénégalais qui aspirent à changer de vie, et entreprennent un périlleux voyage vers l'Europe en traversant le désert du Sahara, les geôles libyennes et la Méditerranée, sur un bateau de fortune dont Seydou est le capitaine forcé. Le film vaut à Garonne le Lion d’Argent de la Meilleure réalisation, et à son jeune interprète Seydou Sarr le Prix Marcello Mastroianni du Meilleur espoir. Il remporte ensuite pas moins de 7 David di Donatello, et se retrouve nominé pour les Golden Globes et les Oscars.
Io Capitano est coproduit par Joseph Rouschop pour Tarantula, dont c’est la 3e nomination dans cette catégorie après celles pour Ni le ciel ni la terre en 2016 et Nico en 2019.
Connu pour son approche du cinéma aussi éclectique qu’érudite, Michel Hazanavicius s’essaie pour la première fois à l’animation avec La plus précieuse des marchandises, présenté en Compétition en mai dernier au Festival de Cannes.
En pleine deuxième guerre mondiale, dans une forêt polonaise enneigée, un modeste couple de bûcherons vit dans une petite maison en bois. En face de leur terrain passe un train de marchandises et, tous les jours, la bûcheronne prie pour qu’un des colis de nourriture soit déposé pour eux. Alors qu'elle regarde sagement le train passer, une marchandise semble s'être égarée d'un wagon. Réalisant que c'est un nourrisson, la bûcheronne recueille et élève cette enfant comme sa fille, en dépit des réserves de son mari. Cette histoire bouleversante aux résonances actuelles est narrée par Jean-Louis Trintignant, et revient avec pudeur mais urgence sur la tragédie de la Shoah.
La plus précieuse des marchandises est coproduit par Delphine Tomson, Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Les Films du Fleuve, dont c’est la 10e nomination dans cette catégorie, déjà remportée à trois reprises pour Looking for Eric, L’Exercice de l’État et Sorry, We’ve Missed You.
En 2016, Claude Barras avait fait forte impression avec Ma vie de Courgette, long métrage d’animation adapté du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette. Le cinéaste suisse était de retour en mai dernier avec son deuxième long métrage, Sauvages, présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes. Cette fable écologique nous entraine à Bornéo, en bordure de la forêt tropicale, où Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé Oshi vont braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée. Sauvages a notamment pu bénéficier en Belgique de l’expertise de la monteuse Anne-Laure Guégan, du travail de l’équipe son, ainsi que de la partition de Charles de Ville et Nelly Tungang, nominés pour le Magritte de la Meilleure musique originale.
Sauvages est coproduit par Vincent Tavier et Hugo Deghilage pour Panique! qui s’était jusqu’ici distingué aux Magritte du Cinéma dans la catégorie Meilleur court métrage d’animation, remportée à deux reprises pour La Bûche et La Foire Agricole de Patar & Aubier.
